Développement d’un modèle statistique capable de prédire la durée de la maladie chez les patients atteints d’EST.

 Les maladies à prions ou encéphalopathies spongiformes transmissibles (EST) sont un groupe de maladies neurodégénératives caractérisées par le mauvais repliement et la propagation de la protéine prion dans le système nerveux central.Comme les signes et les symptômes des EST sont très semblables à ceux d’autres maladies neurodégénératives, le diagnostic de ces maladies est souvent retardé dans le temps, ce qui entraîne de graves troubles chez le patient et son entourage. Grâce au travail de nombreux chercheurs, des progrès importants ont été réalisés dans ce domaine, de sorte que le diagnostic rapide et précis des EST se rapproche. Cependant, il n’existe actuellement aucun type de pronostic qui nous permette de savoir, même approximativement, combien de temps il faudra entre le moment où la maladie est diagnostiquée chez un patient et son décès. Selon la maladie et le patient, cette période est très variable et peut durer de quelques semaines à plusieurs années, bien que la plus courante soit d’environ 5-6 mois. Ces informations peuvent être très précieuses, car elles aideraient le patient et sa famille à planifier les soins nécessaires et à améliorer leur qualité de vie de différents points de vue. En outre, elle permettrait de sélectionner des patients pour de futurs essais cliniques avec des médicaments, sans exclure aucun patient, mais en nous permettant de savoir précisément de combien la progression de la maladie a été retardée chez chacun d’eux.

Dans ce but, des chercheurs de l’Institut de Recherche Biomédicale de Bellvitge (IDIBELL) et de l’Université de Göttingen ont généré un modèle statistique capable de prédire la durée de la maladie depuis l’apparition des premiers symptômes jusqu’au décès du patient. Pour ce faire, ils ont utilisé le registre allemand des patients atteints d’EST, dans lequel le personnel de santé est tenu de signaler tous les cas d’EST au Centre de Référence Allemand pour les EST (NRZ-TSE). Entre 1993 et 2017, 2908 patients ont été diagnostiqués à l’échelle nationale. Cependant, seuls 1226 d’entre eux sont entrés dans l’étude, les autres ne remplissant pas les conditions requises (manque d’informations sur leur génome, date précise du décès ou ponction lombaire non effectuée). Le personnel médical a demandé aux proches du patient de déterminer à deux semaines près quand les premiers symptômes (défaillances progressives de la mobilité, symptômes de déclin cognitif, etc.) ont commencé à être détectés et a calculé avec précision la durée de la maladie. Sur la base de ces informations, les chercheurs ont réalisé plusieurs modèles statistiques en utilisant différentes variables pouvant être liées à la durée de la maladie, telles que l’âge d’apparition des premiers symptômes, le sexe, le polymorphisme de la méthionine (M) ou de la valine (V) en position 129, et les niveaux de protéine tau dans le liquide céphalo-rachidien. Cette dernière caractéristique est directement liée à la mort neuronale, de sorte que plus la mort neuronale est importante, plus les niveaux de cette protéine dans le liquide céphalo-rachidien sont élevés, ce qui en fait un bon indicateur de la progression de la maladie. En outre, il s’agit d’un test qui est effectué de manière routinière sur les patients atteints d’autres maladies neurodégénératives, de sorte que cette information est disponible pour le personnel médical dans la plupart des cas.

En tenant compte de toutes ces informations, il a été possible de démontrer qu’aucune des variantes (âge, sexe, etc.) n’a suffisamment de poids à elle seule pour prédire la durée de la maladie. Cependant, la combinaison des cinq a permis de prédire avec une certaine certitude sa durée, en construisant un tableau que le personnel médical peut facilement consulter pour connaître la durée approximative de la maladie chez ce patient, en tenant compte des données indiquées précédemment. Ainsi, le personnel médical dispose pour la première fois d’un outil permettant de prédire avec précision ce moment, ce qui a un impact positif important sur la qualité de vie du patient et de ses proches, et constitue un pas supplémentaire vers la découverte d’un remède contre les EST. Vous pouvez consulter la publication originale ici.